Dossier Dossier Web3

Après une année 2022 marquée par les drops de NFT plutôt à vocation de test ou visant à créer le buzz, les entreprises commencent à mettre sur le marché les premiers use cases d’applications Web3. Zoom sur cinq cas emblématiques. Un article également disponible en version audio.

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- Avec ses NFT Stables, le PMU sort du paddock

En janvier, le PMU donnait le coup d'envoi de ses NFT Stables, basés sur la blockchain Tezos et représentant un cheval numérique unique. Encore un drop de NFT pour agiter le microcosme des crypto geeks ? Pas vraiment. « Avec Stables, l’ambition du PMU est de passer de l’univers exclusif des paris à celui du jeu », explique Constantin Garreau, directeur de l’innovation du GIE [Groupement d'intérêt économique].

Stables s’est largement inspiré de Sorare, licorne française valorisée à 3,7 milliards d’euros dont les « cartes crypto » sont basées sur des joueurs existants ; la valeur et la force de la collection évoluent selon les performances des sportifs sur le gazon. De la même façon, Stables est une plateforme de fantasy game basée sur les performances de véritables chevaux de course.

Dans cette première phase, 7 000 Stables ont été vendus. Chaque joueur pouvait acquérir deux NFT maximum de cette première collection (deux collections par an sont prévues), qui comprend les « chevaux numériques » les plus puissants et donc les plus rares. Le jeu va prochainement entrer dans sa phase active et permettre aux joueurs de modifier les performances de leur cheval numérique pour essayer de s’imposer dans la communauté. Ce lancement a permis au PMU de toucher un public plus jeune et plus international.

- Wiztrust authentifie les communiqués financiers

La manipulation des marchés financiers par les fausses informations est considérée comme un risque prioritaire pour les entreprises. C'est pourquoi Wiztrust a mis au point une solution simple pour authentifier les communiqués financiers (mais aussi les communiqués de presse ou les images) à partir de la blockchain Ethereum. L’émetteur du communiqué n’a qu’à faire un glisser-déposer sur un espace sécurisé pour créer une empreinte numérique unique et infalsifiable dans la blockchain. Lorsque les investisseurs ou les journalistes le reçoivent, il leur suffit de répéter l’opération sur le site de Wiztrust pour en vérifier l’authenticité. Depuis janvier 2020, les rédactions du groupe Les Echos utilisent Wiztrust pour vérifier l'information financière des entreprises. Un an plus tard, Wiztopic, l’éditeur de Wiztrust, a signé un accord de partenariat avec Euronext, qui a intégré cette solution de sécurisation dans son catalogue offert à ses clients.

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- Wine in Block trace et surveille les vins via la blockchain

Lutter contre la contrefaçon (pertes estimées à 2,4 milliards d’euros), assurer la traçabilité (alors que le marché secondaire se développe), garantir la qualité des conditions de stockage ou de transport et, enfin, recréer du lien entre les domaines et les consommateurs : tels sont les enjeux majeurs du secteur du vin pour lesquels la start-up Wine in Block a développé des solutions basées sur la blockchain. L’entreprise, créée en 2020, propose des tags NFC pour les bouteilles ou un boîtier Qwib pour les caisses qui contiennent le passeport numérique du vin. Le tag permet d’attribuer une identité numérique unique et infalsifiable, tandis que le boîtier Qwib déclenche une alarme si la caisse se trouve dans un environnement qui ne respecte pas les plages de températures ou d’hygrométrie définies par le producteur. Les informations sont lues via une simple application sur smartphone. Wine in Block a aussi développé pour les domaines des NFT permettant d’assurer le transfert de propriété d’une bouteille, sans forcément que celle-ci ne change de mains, et de permettre, éventuellement, de toucher un pourcentage de la revente. « Bien sûr, notre technologie est basée sur la blockchain la plus verte du marché », Stellar, se félicite Sylvie Busca, cofondatrice et CEO de Wine in Block.

- Mira, un monde virtuel HD qui sécurise les jumeaux numériques du patrimoine

Le 30 novembre dernier, Mira dévoilait son univers immersif hyper-réaliste. Ce métavers, développé par l’architecte Gaspard Giroud, fait le pari de la très haute qualité des rendus des lieux réels reconstitués. Cela permet à un visiteur de découvrir un bâtiment du patrimoine (l’Arc de Triomphe, la Sainte Chapelle...) reproduit le plus fidèlement possible, même s’il se trouve à l’autre bout du monde. Cela permet aussi d’aller explorer des endroits inaccessibles au public ou de les survoler pour admirer des détails de la construction.

Mira, construit à partir d’un moteur de jeu et de la blockchain Ethereum, est une plateforme technologique ouverte à une communauté de créateurs répartis à travers le monde. « Notre ambition va bien au-delà de la création d’un jumeau numérique, explique Oscar de Fougeroux, responsable Web3 de Mira. Il s’agit de sécuriser sa propriété intellectuelle dans le futur métavers. La blockchain est aussi l'outil d’un meilleur partage de la valeur. » La tour Eiffel et l’Arc de Triomphe peuvent ainsi prêter ou louer leur image numérique en toute sécurité.

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- L’Humanité va se doter d’une rédaction autonome décentralisée

En 2024, à l’occasion des 120 ans du journal L’Humanité, sa rédaction va s’ouvrir aux chercheurs, acteurs du monde social ou syndical, aux collectivités et au public. Ce projet est basé sur une organisation autonome décentralisée. Cela signifie que ce n’est pas l'entreprise centralisée qui prend les décisions (et récolte les bénéfices), mais la collectivité des détenteurs d’un token en fonction des règles de gouvernance. « Le web décentralisé offre de nouveaux espaces de collaboration, de gouvernance et de démocratie numérique », se réjouit Frédéric Gargaud, directeur du digital.

Les sujets abordés porteront sur des thématiques en phase avec les valeurs du journal fondé par Jean Jaurès et proposées par des chercheurs en science sociale : l’impact social des nouvelles technologies, le futur possible des médias… Pour récupérer leur token, « évidemment gratuit », les futurs rédacteurs devront candidater et exposer leurs motivations. Et, comme il s’agit d’une organisation autonome, les tokens donneront le droit de faire évoluer ces règles. La synthèse des publications de cette « rédaction décentralisée » fera l’objet d’un hors-série et tous se réuniront à l’occasion de la Fête de l’Humanité 2024.

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