Remaniement ministériel, guerre chez les Delon... La série Succession, qui trouve de multiples résonances dans notre actualité, a encore une fois fait main basse sur les prix aux Emmy Awards.

OPA hostile sur les trophées… Cette semaine, après une razzia aux Golden Globes, la famille Roy a encore une fois fait main basse sur les prix aux Emmy Awards. La shakespearienne Succession, qui raconte la lutte sans merci d’une fratrie pour diriger l’empire familial, trouve encore et toujours, six ans après sa création, de multiples résonances dans notre actualité. L’actu people, tout d’abord, avec les sordides litiges qui opposent les enfants Delon, dans la lignée de la délétère famille Hallyday. L’actu politique, ensuite. Après remaniement ministériel, cette phrase de Connor Roy, héritier content de lui lancé dans une présidentielle sans aucune expérience, prend une saveur toute particulière : « Si vous ne savez pas quoi écrire sur moi, écrivez ceci : "Connor Roy s’intéresse à la politique depuis son plus jeune âge". » Sur les médias, on sourit en repensant à cette phrase de Tom Wambsgans, beau-frère de la famille Roy à l’ambition suave : « L’information est comme un bon vin. Vous le stockez, vous l’accumulez, vous le gardez pour une occasion spéciale, et là, vous l’éclatez sur la gueule de quelqu’un. » Taxée de cynisme, Succession ne serait-elle pas simplement clairvoyante ? Dans cette série, la vraie star, c’est le langage, ordurier, vif, abrasif. Délectable à un moment, où, dans les plus hautes sphères, les mots sont tant malmenés, déformés, vidés de leur sens. Comme toujours, c’est sans doute le jupitérien patriarche Logan Roy qui résume le mieux la situation : « Vous voulez connaître ma citation préférée de Shakespeare ? "Prenez le p… de pognon !" ».