«Je ne suis pas, je ne serai pas, le candidat et encore moins le directeur issu d'un coup de force des actionnaires», a répliqué jeudi 14 mai Jérôme Fenoglio, le directeur des directions du Monde qui postulait à la direction du journal et n'est pas parvenu à réunir sur son nom les 60% de voix nécessaires à sa nomination, selon les statuts en vigueur.
Jeudi 14 mai, les trois actionnaires du Monde Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse avaient adressé un commmuniqué à la Société des rédacteurs du Monde pour maintenir la candidature de Jérôme Fenoglio au poste de directeur et lui demander de «considérer à nouveau» ses qualités. «Les actionnaires invitent la société des rédacteurs du Monde (SRM) à examiner les enjeux qui se posent aujourd'hui aux groupes de presse et à considérer à nouveau les qualités de Jérôme Fenoglio, de son équipe et de son projet éditorial», indiquait les actionnaires.
«Je n'ai pas donné mon accord à leur communiqué du jour et je ne conçois de discussions sur l'avenir, avec le bureau de la SRM ou le pôle d'indépendance, que dans le cadre des procédures en vigueur, la principale étant la règle des 60 %» a aussitôt précisé Jérôme Fenoglio dont la candidature n'avait recueilli que 55% des voix de la rédaction mercredi 13 mai.
Démission de Gilles van Kote
Cette consultation a déclenché jeudi 14 mai la démission du directeur par interim Gilles van Kote et un bras de fer entre la rédaction et les actionnaires. Gilles van Kote a en effet annoncé qu'il démissionnait de ses fonctions, en raison de la crise de gouvernance au sein du quotidien. «La "décision" des actionnaires du journal de ne pas retenir ma candidature au poste de directeur, puis le vote de la Société des rédacteurs du Monde mercredi qui a conduit au rejet de la candidature de Jérôme Fenoglio, que je soutenais, me conduisent (...) à démissionner de ma fonction de directeur du journal, membre du directoire du groupe Le Monde», écrit Gilles van Kote dans un message à la rédaction transmis à l'AFP.
Le Monde se retrouve ainsi sans directeur à ce jour et menacé par une grave crise de gouvernance. Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, nommé par les actionnaires, assure néanmoins la direction de l'entreprise en tant que patron du groupe et directeur de la publication du quotidien.
