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Le comité d'éthique de Canal+ dénonce un «manquement à l'honnêteté» et «l'outrance» des propos d'Eric Zemmour sur les mineurs migrants. Il explique que la conception de l'émission Face à l'info, où ils ont été tenus, doit être revue.

«Propos susceptibles de tomber sous le coup de la loi», «manquement à l'honnêteté» : l'émission de CNews Face à l'info, où intervient Eric Zemmour, ne «peut pas continuer à être diffusée dans sa forme actuelle», estime le comité d'éthique du groupe Canal+ dans une délibération consultée jeudi 22 octobre par l'AFP.

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Fin septembre, Eric Zemmour, pilier de CNews, avait affirmé dans Face à l'info que «tous» les mineurs migrants sont «voleurs», «assassins» et «violeurs». Il avait, selon le comité, atténué «ses propos en fin d'émission à la suite de la réaction de la présentatrice» Christine Kelly, dont l'attitude est jugée «irréprochable». Mais sans «manifester de regret».

Le comité, qui avait été saisi dans la foulée par la direction du groupe Canal+, a dénoncé un «manquement à l'honnêteté» et «l'outrance» des déclarations du polémiste, qui «contreviennent à la charte déontologique du groupe», selon la délibération révélée par Le Parisien.

«On ne veut plus de dérapages à l'antenne» 

Pour le comité d'éthique, notamment composé de magistrats, c'est «la conception même de cette émission» d'actualité, diffusée «quotidiennement à une heure de grande écoute», qui «doit être revue».

D'une part, pour l'ouvrir «davantage à la diversité des opinions» et à la contradiction, «ce que ne permet pas son organisation actuelle autour d'un éditorialiste vedette».

D'autre part, pour garantir qu'y seront «bannis les propos susceptibles de tomber sous le coup de la loi» ou «attentatoires au respect des personnes», ainsi que «les prises de positions provocatrices ou délibérément contraires à la vérité».

Contactée par l'AFP, la direction du groupe Canal+, qui entend garder Eric Zemmour, a indiqué être dans «la réflexion quant à l'évolution du format», selon elle «pas remis en cause en tant que tel». «On ne veut plus de dérapages à l'antenne», a expliqué à l'AFP Laurent d'Auria, du syndicat autonome +Libres, première organisation syndicale du groupe Canal+ qui, comme la société des rédacteurs de CNews, avait condamné les propos du polémiste.

Pré-enregistrer l'émission a été inefficace

«Ce qui pose problème, ce ne sont pas les opinions, c'est de tenir des propos qui sont contraires au droit», a-t-il ajouté, en saluant la délibération du comité et appelant au «pluralisme».

«On croit rêver», a pour sa part réagi le député LR Eric Ciotti, sur Twitter. «Les islamistes décapitent un professeur devant nos collèges, mais le danger c'est #Zemmour qui dénonce avec courage et lucidité le mal et ceux qui veulent nous détruire! On est chez les fous», a-t-il écrit.

Il y a un an presque jour pour jour, le comité d'éthique avait recommandé à CNews de pré-enregistrer l'émission pour la diffuser avec un différé même léger, afin d'empêcher les dérapages en direct. Une mesure retenue par la chaîne, mais qui se révèle inefficace, la direction de CNews n'ayant pas supprimé les propos d'Eric Zemmour sur les mineurs isolés, souligne le comité.

Plusieurs plaintes ont en outre été déposées contre le polémiste. Le parquet de Paris a décidé le 1er octobre d'ouvrir une enquête à son encontre, notamment pour «provocation à la haine raciale».

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