L'actu vue par...
Réouverture des salles de cinéma, condamnation de CNews pour des propos d'Éric Zemmour ou encore vente de M6... Olivier Zegna Rata, délégué général du Syndicat des producteurs indépendants, revient sur l'actu de la semaine dans le secteur de l'audiovisuel.

La réouverture annoncée des salles de cinéma le 19 mai.

 C’est une excellente chose. L’essentiel est d’expérimenter. L’été dernier, nous étions arrivés à des fréquentations identiques à celles qui existaient un an avant. Là, le problème est qu’on ouvre avec une jauge très diminuée [de 35 % puis 65 % le 9 juin puis 100 % le 30 juin]. C’est essentiel pour tous les films en attente de pouvoir sortir semaine après semaine. La production de presqu’une année va débouler en parallèle de celle qui était prévue pour les semaines qui viennent. Il faut s’assurer que cette pléthore de films sorte dans de bonnes conditions, qu’ils ne soient pas trop vite sortis de l’affiche. J’attends une concertation pour que chacun puisse bénéficier d’une exposition suffisante.

 

Après sa condamnation confirmée au Conseil d’État pour les propos d’Éric Zemmour sur les « mineurs migrants isolés », CNews qui arrive pour la première fois devant BFMTV sur certains jours de la semaine.

Le succès d’audience n’est pas forcément lié au fait que des propos condamnables y sont tenus. En télé, il faut arriver à trouver l’équilibre entre la phrase qui choque, qui va retenir l’attention et attirer l’audience, et le fait qu’un service de communication a des responsabilités auprès du public. À commencer par celle de ne pas propager des propos de haine antisémite ou raciste, tout ce qui conduit à diviser la société alors même que sa mission est de relier et de faire dialoguer. Le CSA est là pour veiller à cela, et il n’y a pas de raison de contester ses arrêts.

 

Le Sénat qui vote en commission des amendements favorables à la vente de M6 dans le projet de loi sur l’audiovisuel.

Proroger les autorisations hors appel à candidatures est une manière de donner au groupe qui détient une autorisation une pérennité sur la valeur du service de télévision qu’il vend. En même temps, ce service dispose d’une fréquence qui est un bien public incessible et ne fait pas l’objet de la cession. Mais M6 sans sa fréquence n’est rien. Pourtant, l’inquiétude n’a pas lieu d’être au regard de l’histoire du CSA qui agit toujours sagement. Un autre amendement concerne la détention des parts de coproduction ou des mandats de distribution pour les programmes comptabilisés dans la part indépendante des diffuseurs dans les obligations de production. C’est un des piliers du soutien à la production française. Les chaînes en clair sont allées vendre aux sénateurs le fait qu’une modernisation très importante devait être apportée à la définition de l’indépendance dans la loi 1986. C’est une erreur au moment où l'on discute avec les plateformes.

 

Le succès de la série HPI, avec Audrey Fleurot, qui fait plus de onze millions de téléspectateurs sur TF1.

C’est un programme original, transgressif, presque inventif. Là, TF1 ose ! On n’est plus dans la télévision consensuelle, familiale de la ménagère de moins de 50 ans. C’est ébouriffant et très pertinent pour TF1 si la chaîne veut élargir sa base de téléspectateurs et renouer avec les jeunes. Les diffuseurs doivent prendre des risques, cela paye !

 

Le décès de Béchir Ben Yahmed, fondateur de Jeune Afrique.

J’avais beaucoup d’affection pour lui, même si on a souvent été en opposition puisque j’ai eu à cœur de développer des médias alternatifs [Afrik.com]. Je suis d’une génération où Jeune Afrique apparaissait comme une institution indéboulonnable de la réflexion politique. Mais c’est un homme que j’estimais beaucoup. C’était à la fois un très grand journaliste, avec une très grande rigueur et une volonté de comprendre comme d’expliquer le monde, et un business man, et donc un très grand patron de presse.

Lire aussi : L'année 2020 vue par Delphine Ernotte (France Télévisions)

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.