Cinéma
Pour son premier film, Mouloud Achour dénonce avec humour les emballements médiatiques. Une suite est d'ores et déjà prévue sur le thème de la féminité.

Deux semaines après la sortie de France de Bruno Dumont, une satire des chaînes d'information en continu, Les Méchants, premier film de Mouloud Achour coréalisé avec Dominique Baumard, enfonce le clou avec une comédie mordante sur les emballements médiatiques. Réunissant un casting de stars, de Ludivine Sagnier à Omar Sy, en passant par Mathieu Kassovitz, Pierre Palmade ou Sami Nacery, le film raconte les déboires de jeunes de banlieue transformés bien malgré eux en ennemis publics numéro un.

Après avoir volé une console de jeux vidéo à des migrants, Sébastien, interprété par l'humoriste et animateur Roman Frayssinet, tente de la revendre à Patrick (Djimo, l'un des rois du stand-up). Mais un rappeur tout juste sorti de prison et une journaliste d'une chaîne d'info, prête à tout pour faire le buzz, s'en mêlent et tout dérape.

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Avec Les Méchants, Mouloud Achour et Dominique Baumard, également co-scénaristes du film, s'attaquent aux polémiques montées de toutes pièces dans l'espoir de provoquer le buzz. Juste après un violent incident en direct entre experts douteux, la journaliste vedette de la chaîne d'info, Virginie Arioule - dont le nom signifie «âne bâté» en arabe -, donne le ton du film : «Ce qui vient de se passer est un moment de grâce !».

«Des rédactions survivent grâce à la régie pub qui a besoin de clics pour vendre des espaces publicitaires. Cela oblige à cliver. Les algorithmes ont besoin de ça pour atteindre des cibles commerciales. Les chaînes d'info qui nous tiennent par la peur sont le poison de l'époque», déplore auprès de l'AFP Mouloud Achour, qui présente depuis 2019 l'émission Clique sur Canal.

«Le film réunit des gens en galère qui sont tous le méchant de quelqu'un. J'avais envie de me demander comment on cristallise cette époque. On n'exclut personne car on se moque de tout le monde et personne ne se sent viser. Le rire est le meilleur véhicule», souligne-t-il, en référence aux films de Jean Yanne. «Ce film est une déclaration d'amour au journalisme, un des derniers remparts de la démocratie», estime encore le coréalisateur, qui annonce une suite, Les Gentils, un film «sur la féminité», avec un casting majoritairement féminin.

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