Tribune
Gilles Deléris, cofondateur de l'agence W réagit à l'interview que l'économiste, chroniqueur à France Inter, a accordé au JDD pour son nouvel essai, «Houellebecq, économiste».

Répondant à une interview au JDD à propos de son nouvel essai Houellebecq économiste paru aux éditions Flammarion, Bernard Maris, qui fustige la doxa libérale, s'en prend aux acteurs d'une économie passée au filtre de l'œuvre du prix Goncourt 2010. La savante exégèse de cet expert dénonce la surconsommation, l'obsession de la notation et de la quantification, l'aveuglement de ses pairs qu'il renvoie à une corporation sectaire.  Poursuivant, il développe un thème cher à l'écrivain qui distingue ceux qui travaillent utilement des parasites qui vivent sur la bête.

 

C'est dans cette dernière catégorie que l'économiste repenti classe les communicants. Il déclare: «Qu'est-ce que le travail utile? Celui de l'ouvrier qui fabrique une passerelle ou celui du dircom qui marche dessus et qui est payé 10 fois plus?» En essentialisant les acteurs de la communication, Bernard Maris sait qu'il aura l'oreille attentive de tout ceux qui séparent le monde en deux camps: les bons et les méchants, les vertueux et les pourris, les utiles et les inutiles, les pauvres et les riches.

 

La communication est avec l'entreprise – «cette fabrique de crétins», selon Michel Houellebecq – aux premières loges de procès d'intention réguliers. L'économie réelle, celle qui a façonné notre civilisation, celle à laquelle nos clients et nos agences prennent part, est ainsi associée sans discernement aux dérives de la financiarisation des échanges. Entreprises, banquiers, gens de la com, Bygmalion, profiteurs, escrocs dans le même sac…

 

Des clichés décourageants

 

De ces généralisations qui frappent les esprits simples, il ne sort pas grand chose d'autre que des ricanements rapides, des oppositions artificielles et stériles. Ces clichés favorisent le découragement, les mauvais combats et l'émergence d'idées politiques radicales dont les premiers à souffrir seront ceux qui les soutiennent.

 

Il faut, plus que jamais, défendre l'entreprise et ceux qui en font la promotion – le secteur de la communication représente plus de 700 000 emplois en France – dans l'intérêt de tous. Le redressement du pays, n'en déplaise à ceux qui ironisent avec distance et condescendance, en dépend pleinement. Rappelons que sans personne pour indiquer où est installée la passerelle et inviter à l'emprunter, l'ouvrier serrurier verra son marché décroître et aura bien du mal à en construire une autre.

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