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D'après l'Insee, un tiers des Français sont passés en télétravail forcé depuis le début du confinement. Quels facteurs de risque guettent les salariés ? Comment répondre aux craintes et aux difficultés qu'ils rencontrent ?

Peur de perdre son emploi, perte de lien social, sentiment de culpabilité, tels sont quelque-uns des symptomes identifiés par Moodwork, start-up spécialisée dans le bien-être au travail. «En voyant que beaucoup de Français sont en chômage partiel [10,2 millions pour 820.000 entreprises, soit plus d'un salarié du privé sur deux, d'après Muriel Pénicaud, ministre du Travail] et que de nombreuses entreprises se retrouvent dans une situation économique catastrophique, automatiquement ça a provoqué une peur de perdre son propre emploi», résume Léopold Denis, co-fondateur de la start-up. Ces personnes vont s'investir davantage, en n'hésitant pas à consacrer à leur poste de travail des horaires beaucoup plus longs, à distance.

 

Perte du lien social

Sans réelle vie sociale, le confinement peut induire un repli sur soi, or il faut maintenir un dialogue interne, existant lors des moments de pause entre collègues de travail. «Le lien social qu’on croit maintenir avec une visioconférence ou en échangeant des mails, se dissout peu à peu. Passez un coup de fil pour discuter de sujets autres que professionnels, par exemple, pour recréer des échanges informels», conseille Léopold Denis. Moodwork accompagne 100 000 personnes en France, dont des salariés de LVMH, EDF ou encore BNP Paribas. Et depuis le 20 mars, le trafic de leur site web est passé en moyenne de 400-500 à 1500 connexions quotidiennes.

 

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Sentiment de culpabilité

 Les managers ne doivent pas ignorer un sentiment diffus ne pas en faire assez, lié en réalité à une double surcharge, professionnelle et personnelle. «Habituellement, on peut articuler les deux en ayant, par exemple, une souplesse horaire pour aller chercher les enfants à l’école, mais on ne se retrouve pas à superposer des tâches personnelles et professionnelles», rappelle Karine Babule, spécialiste du télétravail à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).

Résultat, des collaborateurs culpabilisent de ne pas mener à bien leurs objectifs professionnels. Chez Braaxe, pour qui le télétravail est une habitude, une majorité des salariés sont dans un bon état d’esprit. Pour autant, ces derniers restent préoccupés par le rythme du chômage partiel. «Le fait de jongler entre moments de travail et moments de détente n’aide pas toujours à la concentration. Et en termes d’organisation avec les collègues ce n’est pas toujours simple», rapporte Julien Casiro, président de l’agence. Il faut en tenir compte en adoptant pour chacun un management individualisé, tenant compte des situations personnelles.

 

Le temps de l'exception

 La prise de conscience est indispensable. Les règles du télétravail ne s'appliquent pas de la même manière en cas de chômage partiel et de confinement. «Les retours d'expériences sont cruciaux car ils nous rappellent qu’il faut requalifier le télétravail dans lequel nous sommes. On n’est pas dans le cadre d’un télétravail normal, mais dans un cadre exceptionnel en période de pandémie, et donc confiné», martèle Karine Babule.

Pour Occurrence, le cabinet d’études et de conseil en communication, le management à distance, qui plus est dans un contexte angoissant, peut être un véritable défi. «Certains vont se révéler et d’autres s’écrouleront en sortie de crise. Par exemple, quand vos collaborateurs sont plus à l'aise que vous avec le digital, votre légitimité peut se voir un peu écornée», soulève Assaël Adary, président d'Occurrence.

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