Agences
En faisant l’acquisition de 51% des parts de Buzzman, qui conserve une totale autonomie, le groupe français complète de belle manière son écurie créative, déjà riche des fleurons BETC et Rosapark.

C’est, à l’échelle de la publicité française, ce qu’il convient d’appeler un réél événement. Après de longues tractations, Havas est enfin parvenu à séduire Buzzman. Le fruit de cinq années d’appels du pied et de discussions qui, comme révélé dans nos colonnes en juin, s’étaient accélérées en 2019, en particulier à l’approche des Cannes Lions. Le groupe français monte ainsi à hauteur de 51% du capital de l’agence indépendante de 140 salariés, une opération dont le montant avoisinerait, selon nos informations, 22 millions d’euros.

Un chiffre que Yannick Bolloré, PDG du groupe Havas, et Georges Mohammed-Chérif, fondateur et dirigeant de Buzzman, se refusent à confirmer, eu égard aux modalités de l’opération. «La structure de la charge fait que le montant sera calculé avec les résultats des cinq prochaines années», se contente d’expliquer le premier nommé. «Le système de earn out change la valorisation, c’est compliqué de donner un chiffre précis. Mais le montant que vous avancez n’est pas du tout délirant», confirme néanmoins à demi-mot le second. Mais alors, pourquoi rejoindre Havas maintenant et pas avant ?

Accord sous conditions

«Il y a des raisons assez simples pour lesquelles cela s’est fait. D’abord, Havas est français. C’est bête à dire mais on a la même culture, on est dans la même ville, si des soucis viennent à se présenter, c’est plus simple pour régler les choses. Deuxièmement, c’est la nature du deal: les dirigeants de Buzzman vont rester les mêmes, le fait qu’il n’y ait personne de chez Havas qui rentre dans notre management et le fait aussi que nos locaux restent les mêmes, tout comme nos clients [Burger King, PMU, Easyjet, Boursorama, Fleury Michon, Jennyfer, Diesel]», éclaire Georges Mohammed-Chérif. Autant de garanties qui ont donc poussé l’agence, née en 2006, à rejoindre l’écurie créative du groupe Havas, déjà très en vue avec BETC et Rosapark.

«L’idée est de disposer d’offres alternatives de grande qualité pour les clients», souligne Yannick Bolloré, qui voit dans cette transaction la manifestation des ambitions du groupe. «Le cœur de notre stratégie, c’est le conseil stratégique en communication, la création d’idées et la créativité au sens large, incluant le content et l’entertainement. Autrement dit, des métiers à très forte valeur ajoutée. Il est très important d’investir sur ces expertises car j’ai bien peur que les métiers purement IT aient tendance à devenir des "commodities", avec à la clé une valeur ajoutée plus faible», développe le dirigeant –qui démine parallèlement la question d’une concurrence entre agences créatives du groupe.

Rationalisation et intuition

«Buzzman préexistait donc ça ne change rien sauf que si Buzzman gagne, cela fera partie d’un groupe qui compte aussi une offre consumer importante avec Havas Paris qui a intégré Humanseven. Le but n’est pas de casser la dynamique qui fait le succès de Buzzman», poursuit-il. «Le mot d’ordre, c’est "Ne changez rien et faites-nous briller"», corrobore Georges Mohammed-Chérif.

«Il n’est pas question à terme d’être 500 personnes et de disposer de filiales dans le monde. On se concentre sur le marché français même s’il n’est pas exclu qu’on se positionne sur des pitchs internationaux. La seule chose à savoir en réalité, c’est qu’on peut tirer profit de certaines expertises comme la data, les études et surtout les médias. On a souvent gagné des pitchs grâce à l’aspect média mais on le faisait empiriquement. Là, on va se doter d’un outil plus ambitieux et plus professionnel, tout en gardant une part d’intuition», confirme le fondateur de Buzzman, en référence à ce qui fait notamment la réputation et la valeur de son agence.

 

 

À lire – Exclusif : 

- Rachat de Buzzman par Havas : interview croisée de Yannick Bolloré et de Georges-Mohammed Chérif

Vidéo : interview exclusive de Yannick Bolloré

Vidéo : interview exclusive de Georges Mohammed-Chérif

Chiffres clés

140. Le nombre de salariés de Buzzman

12,3 millions d’euros. La marge brute de Buzzman en 2018

20 000. Le nombre de collaborateurs du groupe Havas dans le monde

2,32 milliards d’euros. Le chiffre d’affaires 2018 du groupe Havas (1,114 milliard au premier semestre 2019 pour un revenu net de 1,06 milliard d’euros)

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