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Le Web3 apparaît aujourd'hui sous plusieurs aspects. Retour en détail sur chacune d'elles.

Les crypto quoi ? 

Dans la blockchain, les ordinateurs gèrent l’information en réseau de manière décentralisée. Chaque fois qu’ils participent, on les rétribue « virtuellement » avec un « token », un jeton virtuel qui correspond à la valeur de leur participation au réseau. Ces jetons de valeur peuvent alors s’échanger. En faisant cela, vous créez une monnaie. Comme une pièce d’un euro, non unique, représentant une certaine valeur, qui passerait d’une personne à une autre. Selon les différences de fonctionnement entre les blockchains, on retrouve sur le Web3 différentes cryptomonnaies, la première est la plus connue, le Bitcoin, dont le concept est né en 2009, par Satoshi Nakamoto. D'autres, correspondant aux autres blockchains sont nées : les Ethers, sur la blockchain Ethereum, idem avec les Litecoin etc. Au-delà des projets totalement spéculatifs des cryptomonnaies, ou de leur instabilité, elles sont l’actif d’échange de tout ce qui se passe sur le Web3, et peuvent s’adosser à des règles particulières.
Sur la blockchain Ethereum, vous pouvez réaliser une opération qui créera un Token unique. Cette opération est appelée « smart contract ». C’est un contrat pour lequel tous les autres ordinateurs de la blockchain peuvent vérifier la bonne exécution. Ce token de rétribution ne peut pas s’échanger. Il est infalsifiable et attesté par toutes les machines participantes. On l’appelle donc « token non fongible », en anglais, Non-Fungible Token : il correspond au NFT. Vous devenez alors « propriétaire » de ce qu’il représente, que ce soit une image, un film, un gif, ou quelques secondes d’une musique. Cet objet numérique et son propriétaire sont inscrits dans le smart contract.

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La folie des NFT  

À partir du moment où l’on a pu devenir propriétaire d’un objet numérique, des communautés se sont amusés avec le concept, et ont commencé à créer des « collections ». « La première a été Cryptopunk, en 2017. C’était une variation de différentes représentations de petits visages, tous uniques, et réalisés par algorithme, raconte Gabriel Mamou-Mani, un webentrepreneur à l’origine du projet Panda Dynasty, une communauté rassemblée autour de différents jeux, et qui a, lui, réalisé 8888 pandas vendus en NFT en moins de 24 heures. Ces « collections » attirent parfois des internautes qui veulent s’offrir une photo de profil unique, mais parfois des passionnés proches de l’univers du jeu vidéo, qui créent leurs propres règles et constituent une communauté très soudée. On retrouve ici la notion d’engagement et de lien particulier. Car un NFT, au-delà d’un actif numérique est un lien qui évolue au cours du temps : une sorte de carte de fidélité ultra premium. D’où l’engouement des marques, comme Nike, Carrefour, ou des médias comme 20Minutes. « Elles peuvent, sur une portion restreinte de leur clientèle, réfléchir à donner accès à des avantages : évènements, produits, promotions... Il y a derrière aussi une notion servicielle très présente », ajoute Frédéric Saint-Sardos, vice-président de Havas Play. Mais au-delà des collections, ou des marques, les NFT et leurs technologies associées ont d'autres utilité. Elles attestent dans la blockchain – donc publiquement et de manière infalsifiable - de l’appartenance d’un objet à une personne. Ce qui pourra être utile pour les œuvres d’art, les cadastres, ou tout ce qui a besoin d’être authentifier par une autorité.

Derrière le mot « métavers »

Bien présomptueux est celui qui arrive à définir clairement le concept de métavers. On l’imagine de nos jours comme un univers virtuel, agrémenté de réalité virtuelle, car il s’est développé conjointement aux jeux vidéo. « En réalité, il y a deux types de métavers : ceux de première génération - Seconde Life, les Sims, Fortnite… Des monde virtuels - surtout des jeux vidéo mais pas seulement - au sein desquels on interagit avec un avatar, décrit Nicolas Safis, directeur de l’innovation du groupe Carrefour. Mais on trouve aussi ceux de nouvelle génération, qui eux sont basés sur la technologie blockchain : Sandbox, Decentraland, Roblox…Ces derniers cochent les cases du Web3. On y achète des choses diverses avec des cryptomonnaies. Les objets échangés sont d’ailleurs souvent des NFT. » Ils permettent de devenir propriétaire dans l'univers. « Le plus important dans la notion de métavers, c’est que ce soit un univers ouvert, affirme Guillaume Olivieri, directeur associé pour Isobar. Ce que ne sont pas certaines plateformes. » Il sera alors possible à tout un chacun, en se basant sur le principe d’échange de valeur entre utilisateurs, de créer des services, de vendre des objets numériques etc. Certains y font correspondre la notion de navigateur : si Google Chrome ou Safari permettent d’explorer le Web2 et d’interagir avec les gens, les marques ou les institutions, le métavers sera la fenêtre du Web3, au sein de laquelle on pourra trouver des services. Une chose est sûre, on devra parler des métavers, au pluriel, car ils se baseront sur des communautés différentes, avec des envies distinctes, et des règles de fonctionnement diverses.

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Le défi de la DéFi  

La possibilité de créer de nouveaux échanges de valeur change radicalement le monde de la finance. Ce nouveau secteur s'appelle la Finance Décentralisée: La Défi. Et si Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a tiré la sonnette d’alarme, récemment, sur les cryptoactifs, c’est, pour beaucoup de spécialistes, un aveu d’inquiétude. « Cette technologie change les systèmes de gouvernance, car comme la technologie est distribuée, vous détenez une partie du protocole de décision », prévient Franck Guiader, directeur de Gide 255. Les utilisateurs sont de fait inclus dans le processus, comme un droit de vote augmenté. Financement de films, de projets... C’est l’aboutissement du financement participatif. Et ce n’est pas pour rien que le fonds Alven a annoncé avoir levé 350 millions d’euros pour des projets dédiés au Web3, ou que Cathay Capital et la licorne Ledger se sont associés pour créer un fonds spécifique international. « En France, nous avons en moyenne une génération et demie de délai sur ce qu'on voit aux États-Unis, note Denis Barrier, CEO de Cathay Innovation. Mais on observe une forte accélération outre-Atlantique. La réglementation va se mettre en place très vite. » Et affectera fortement jusqu’au monde des fonds d’investissement. « On voit déjà apparaître des fonds entièrement composés de cryptoactifs, qui investissement directement leurs tokens », conclut-il. En voilà un monde !

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