Économie
Alors qu'il a déjà fortement payé la crise sanitaire, le secteur événementiel sera confronté, lui aussi, à un nouveau confinement. Les professionnels du secteur réagissent. Le digital apparaît plus que jamais comme une planche de salut.

Le couvre-feu n'aura pas suffi. Mercredi 28 octobre, Emmanuel Macron a annoncé un nouveau confinement sur tout le territoire national, débutant le 30 octobre et destiné à durer au moins jusqu'au 1er décembre. Les rassemblements publics seront interdits, a précisé le président de la République dans un discours solennel dressant à grands traits une situation sanitaire «alarmante». 

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Alarmante, la situation l'est aussi - sur un autre plan - pour les professionnels de l'événementiel, dont l'activité est depuis la mi-mars fortement entre parenthèses, quand ce n'est pas totalement paralysée pour certaines agences. Fin avril, l'Unimev (Union française des métiers de l'événement) estimait à près de 15 milliards d'euros le coût des retombées économiques perdues pour le secteur. Six mois plus tard, la situation ne s'est pas arrangée. «80 à 90 % des opérations n'auront pas pu se faire entre mars et décembre», relève Cyril de Froissard, président de Lévénement, association des agences événementielles, qui prévoit une perte d'environ «trois quart du chiffre d'affaires» par rapport à une année sans virus, soit 75 % de 30 à 40 milliards d'euros, estime-t-il. 

«Nouveaux formats»

«Les annonces de mercredi soir marquent la fin d'un espoir de reprise à court terme de nos activités, poursuit le représentant de la filière. C'est un coup de frein brutal, comme dit le président de la République, un coup de poignard pour toute la filière. Au-delà du confinement, la prorogation de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 7 février par un vote laisse peu d'espoir pour envisager la tenue d'événements physiques au cours des prochains mois». 

De fait, les événements digitaux seront largement privilégiés. «Nous n'avons pas attendu : les agences ont mis en place de nouveaux modèles, de nouveaux formats, il est possible d'envisager des choses qui ne vont pas se substituer aux événements physiques - ce ne sera jamais pareil - mais il y a la possibilité d'être inventif, de créer des dispositifs différents, engageants», insiste Cyril de Froissard. 

Plateau TV

Prendre le tournant du digital, c'est ce qu'a fait l'agence LDR, depuis plusieurs mois. «En tant que citoyenne, je pense que, la crise sanitaire s'amplifiant, il est normal de se confiner pour endiguer une nouvelle pandémie, réagit Muriel Blayac, sa directrice générale, aux dernières annonces. En tant que chef d'entreprise, c'est un coup dur, mais il faut accepter. Depuis mars, nous avons beaucoup évolué vers le digital». L'agence a en effet beaucoup anticipé sur le sujet et espère ainsi limiter l'impact sur son organisation.

«Depuis cet été, on voyait que la pandémie n'allait pas s'arrêter. Nous avons dit à nos clients d'arrêter de faire des événements physiques. Nous avons une vingtaine d'événements prévus entre novembre et décembre sur le digital. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si demain, on pourra se déplacer à cinq ou six sur un plateau TV plus les techniciens. Cela doit être affiné. Pendant le confinement, nous avons pu réaliser ce genre de dispositifs», confie Muriel Blayac. Jean Castex doit prendre la parole ce 29 octobre pour clarifier les modalités d'application des nouvelles mesures. 

Tournant digital

«Nous avons un souci de communication concernant les événements qui avaient été reportés entre janvier et mars-avril 2021. Nous ne savons pas encore ce que nous allons conseiller à nos clients. Au moins jusque fin mars, de réaliser les événements en digital», note-t-elle.  

Même son de cloche du côté de l'agence Win-Win, qui a également formalisé une offre virtuelle, et s'en sort - plutôt très bien - grâce à cela. «Les annonces d'hier soir auxquelles on s'attendait vont compliquer les choses, légèrement ralentir l'activité mais ne nous empêcheront pas de continuer», explique Christophe Cousin, son président, qui a pris ce tournant il y a huit mois, se développe fortement et se dit aujourd'hui «cinq à dix fois» plus sollicité qu'avant le Covid par des clients au fait de ce que le digital peut leur apporter, même si d'autres, en parallèle, font le choix d'arrêter de communiquer.

«Du crédit à l'incertitude»

«Nous sommes passés d'un statut d'artisan saltimbanque du digital à industriel de l'émotion digitale», confie celui qui orchestre notamment désormais des lancements digitaux de fusées Ariane. Une quinzaine d'événements virtuels est prévue d'ici à la fin de l'année pour l'agence qui, durant la période, a gagné plusieurs clients. Un bémol, toutefois : «Les remises de prix en digital avec enregistrement en studio vont-elles se produire ?», interroge le chef d'entreprise. De même que les conventions internes digitales organisées pour maintenir le moral des collaborateurs : seront-elles jugées «nécessaires»

«Les annonces d'hier donnent du crédit à l'incertitude», réagit de son côté Olivier Harnichard, directeur général de Live! by GL events - ce groupe, poids lourd du secteur, ayant été particulièrement impacté par la crise sanitaire.

Effectifs fragilisés

Toutefois, «nous bénéficions d'une première expérience vécue, en mars, développe-t-il. Pas de surprise ni de panique. Nous savons comment appréhender la période en termes d'organisation interne et nous sommes en dialogue constant avec nos clients pour leur apporter des réponses afin que chacun puisse communiquer avec ses cibles, quelle qu'en soit la forme, digital, phygital, virtuel, etc.»

Par ailleurs, la question sociale est aussi au centre des préoccupations. Les agences bénéficient de la prise en charge par l'Etat de l'activité partielle mais les effectifs pourraient être fragilisés. «Une grosse agence comme Hopscotch a annoncé un PSE, cela prouve que les agences vont être sérieusement impactées, explique Cyril de Froissard. Depuis l'été, certaines ont dû se séparer de certains collaborateurs. Est-ce que le confinement va accéler cela, nous pouvons le redouter». Après avoir dû licencier une quinzaine de personnes en début d'année, LDR, qui compte une cinquantaine de collaborateurs aujourd'hui, a misé sur la formation aux événements digitaux. Win-Win, quant à elle, est en phase de recrutement de six développeurs-intégrateurs pour ses événements virtuels. 

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